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samedi 11 août 2012

John Fante : Grosse Faim.


« - Allons-nous-en, supplia-t-elle. Ils me détestent. 
- Tu es la bienvenue ici, protesta oncle Mingo.
Tout le monde est le bienvenu dans la maison de mon frère. N'est-ce pas, Julio ? 

- Oui, dit Julio. Il me semble, Mingo.
- Vous n'êtes pas la bienvenue ! » explosa Philomena dans la chambre.

Les lèvres de miss Cavanough se mirent à trembler, ses doigts montèrent vers sa gorge. Elle semblait au bord des larmes. Elle avisa un verre de vin elle et l'engloutit d'un trait. Puis elle s'assit, posa les coudes sur la table et se tordit les mains en regardant les hommes attablés, les murs, ses propres pieds. Soudain, elle se releva.

« Je ne peux pas ! sanglota-t-elle. Oh, Mingo, je ne peux pas, je ne peux pas ! » Elle courut au salon, saisit son manteau et franchit la porte d'entrée en toute hâte. Mingo la poursuivit en lui disant de revenir. 

Il la rattrapa alors qu'elle s'installait au volant de sa voiture, la moitié du corps de mon oncle engouffrée par la portière, tandis que ses mains s'agitaient pour la supplier. Puis il s'écarta, la voiture démarra et s'éloigna très vite dans la rue.

Il revint vers la maison les mains au fond des poches. Sur la véranda, il alluma une cigarette. Il resta accoudé à la balustrade pendant deux ou trois minutes, la fumée se déversant hors de sa bouche. 

Puis il s'écrasa sa cigarette et rentra à l'intérieur. Autour de la table, les hommes regardaient leurs assiettes. Tout était silencieux dans la chambre. Mingo s'assit et se servit un verre de vin. Oncle Julio lui toucha l'épaule. 

« - Désolé de ce qui est arrivé. 
- La ferme » dit Mingo 

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